lundi 24 mars 2008

Chefs d'accusation

C'est incroyable, pour une fois dans ma vie je sais par où je vais commencer mon récit, mais, je ne sais pas où est ce qu'il me mènera. Ça n’a nulle importance pourvu que la fin de ce récit mettra du temps à s’écrire sauf s’il m’était destiné de mourir dans quelques instants où avant que je ne termine cette ballade. Tout commence le jour où je suis né, exactement le 25 janvier 1983 à 9h45 du matin dans la salle d’accouchement de l’hôpital de Mahdia. On entendit une femme pousser ses derniers cris avant que la sage femme ne dise : « quelle est grosse cette tête, t’as fais souffrir ta mère ». L’enfant ne répondait pas. Il n’avait rien à dire et il choisit de garder le silence et de faire preuve de sagesse de peur que tout ce qu’il puisse dire ne soit retenu et utilisé dans un tribunal contre lui. On le tint par ses pieds tête en bas et « Paf !» on le, soit disant, réanima. C’était ma première fessée. Que c’est drôle ! Je suis né presque mort, du moins si on n’a pas fait ce geste j’aurais pu sortir, si vite venu, de ce monde. Or, une femme en a décidé autrement. On m’a forcé à vivre. Amnistie International et Human Rights Watch n’ont rien dis ce jour là, ils étaient trop occupés ailleurs. On m’échangea de main en main et chaque un eu son occasion pour me baver dessus, embrasser diraient ils. On ne se gêna même pas à me photographier sans me demander mon autorisation, nu en plus. Bon, dans le temps, la loi pour la protection de la vie privée n’existait pas encore. Les sévices ne se sont pas arrêtés là et j’en vis de tout : Momification, frictions à des eaux et huiles d’origines inconnues, …etc. le pire d’entre eux tous c’est le manque d’intimité. A l’heure du bain, tout le monde était du spectacle. Je sais que j’avais le corps d’un dieu et les plus belles fesses au monde, mais, ce n’est une raison pour ces voyeurs pour me voler mon intimité. Heureusement que des photos témoignent des faits que je raconte, sinon je serais passé pour un menteur. On me fit travailler, encore bébé, alors que le travail des enfants était interdit et quel travail, j’étais l’aspirateur de la maison. Tout ce qui traînait par terre devait finir, tôt ou tard, dans ma bouche. Maman s’occupait de vider le sac de l’aspirateur après chaque passage.

Il fallait attendre que ma première dent pousse pour que tous mes « proches » me filent leurs doigts, sales ou propres, dans la gueule pour la voir ou la toucher. Et moi, comme un vieux con, je les laissais faire. En effet, je croyais qu’ils étaient tous dentistes. Ceux en qui j’ai douté, je leur mordis les doigts pour me défendre et je peux vous garantir que ça ne goûtait pas, tout le temps, bon. J’ai oublié de citer une chose, c’est que tout le monde pouvait m’accabler dans ses bras et là je pouvais sentir des ODEURS. Je ne sais pas comment ils fonts pour se supporter eux-mêmes. Revenons à nos moutons, quelques semaines après, on me forcit à marcher et il s’en fallait que j’y réussisse pour que les ballades soient obligatoires pour moi et que je devienne une bête de cirque qu’on exhibe en spectacle devant le monde entier. Et quel spectacle, tenez vous bien, un petit enfant qui enchaîne cinq pas avant de trébucher et tomber sur le cul. Marrant, n’est ce pas ? Je ne sais pas si tous ceux qui ont rigolé du spectacle ont payé des sous pour ça ou non, en tout cas, moi je n’ai rien eu.

Mon calvaire semblait toucher à sa fin, quand bizarrement on devint gentil avec moi et on cessa de me bousculer et de me toucher. Malheureusement, un complot se préparait derrière, on voulait me faire reconnaître des choses, fausses, en me gavant la tête à coup d’histoires à dormir debout. On me fit croire que le chien s’appelait « habba », que l’eau s’appelait « mboua » et j’en passe. Le pire c’est qu’on me faisait réciter le tout devant plus d’une personne pour qu’ils puissent témoigner contre moi au cas où je m’abstenais à obéir à leurs demandes de récitations.

Ce que je veux dire aujourd’hui, c’est que je connais la souffrance d’un bébé. C’est pourquoi jamais je ne ferais subir une telle mal traitance à qui que ce soit. Surtout, je songerais toujours à me raser avant d’embrasser un bébé.

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